Exposition à la Chapelle Sainte-Anne – Christine THIBAUD – du samedi 14 au vendredi 20 septembre 2024

Après plusieurs années à Paris, je suis revenue à mes origines
en m’installant en Bretagne. Autodidacte, traversée par des
émotions partagées par certains artistes devenus mes pères, je
puise dans ce puissant territoire l’inspiration et l’énergie nécessaires à
ma réflexion picturale.
Une partie de mon travail est réalisée avec des matériaux dont l’utilisation
ou la fonction semblent éteintes, n’intéressant plus la main de
l’Homme. Ces derniers sont souvent sur le point de partir en fumée ou
d’être jetés à la ferraille.
Je suis aimantée par ces morceaux de bois qui vibrent d’une grâce
incroyable, marqués de la patine du temps. Ils m’offrent l’espace
indispensable à des créations traduisant l’inéluctable : une
contribution artistique et poétique qui laisse apparaître le vivant au-delà
du visible.
La Croix
Elle est la base de tous les symboles d’orientation : la verticale relie
les pôles au plan de l’équateur, l’horizontale met en rapport les
équinoxes et les solstices. En son point d’intersection, elle réussit un
tour de force incroyable : unir les contraires, en un signe additionnel.
Au plan religieux, elle deviendra le symbole de la crucifixion et de la
résurrection. On la retrouve dans mon travail
de manière récurrente. Elle vient s’inscrire avec déférence, en
arpentant l’horizontale comme un chemin de vie qui mène à l’élévation
de la verticale, cet espace infini qui honore le sacré.
Dans un monde en perte de repères, entre ciel et terre, je m’inscris.
Les Martyrs
Le Martyr est un supplicié qui doit renoncer à sa foi et accepte la
mort plutôt que d’abjurer. En menuiserie, un «martyr» est
une pièce que l’on abîme pour en protéger une autre.
Ma rencontre avec les martyrs date de 2011 et, depuis, je
pousse régulièrement la porte de certains ateliers*,
afin de récupérer ceux qui m’appellent ardemment. Ces morceaux de bois tailladés, lacérés, parfois jusqu’à l’usure, au profit d’une pièce que le menuisier veut soigner,
se voient miraculeusement et hors de toute intention créatrice, devenir,
dans l’ombre des assauts, une oeuvre authentique, vivante, qui,
par analogie reflète les meurtrissures de l’humanité.
En m’inspirant de techniques japonaises ancestrales, je
viens, de façon métaphorique, panser les blessures de ces
Martyrs. En jointoyant à la pâte d’or le bois supplicié (Kintsugi), ou
en le brûlant (Shou-Sugi-Ban ou Yakisugi), je le protège et en révèle
la puissance symbolique.

Entrée libre

Tous les jours de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 19h